Par le Dr. Antoine Roger LOKONGO
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Tout en saluant la tenue des consultations nationales tel que vous l’avez annoncé dans votre adresse à la nation du vendredi 23 octobre 2020, il vous conviendrait de faire entrer en ligne de compte les trois vérités cardinales suivantes avant la tenue des dites concertations:
1. La « crasse politique congolaise » héritée de la Deuxième République qui privilégie toujours la politique des arrangements pour en tirer profit, et dont les ténors ont travaillé avec Mzee Laurent Désiré Kabila (‘révolution pardon’ oblige), ainsi qu’avec votre prédécesseur Joseph Kabila Kabange (qui s’est lamenté qu’il ne pouvait même pas trouver 15 personnes vraiment responsables autour de lui pour l’épauler à mieux s’acquitter des hautes charges de l’Etat) et qui se trouvent maintenant dans votre premier cercle… reste la même ! Sans oublier la nouvelle caste qui a élu domicile au sommet de l’Etat, s’érigeant en eternels ministres, ministres d’Etat, DG, gouverneurs…, que sais-je encore ? Et cela depuis les accords de Sun City (les anciens chefs rebelles responsables de la mort de plus de 8 millions de Congolais, du pillage et du viol utilisé comme arme de guerre) et qui se sont construits des châteaux en Espagne !
Je ne sais pas quel miracle vous allez opérer pour déboulonner la dite « crasse politique » hypocrite, opportuniste, cupide (avide d'argent et de pouvoir), médiocre, traitre lorsque nous connaissons les œuvres de ces acteurs politiques, les mêmes acteurs politiques avec qui vous voulez entamer les consultations mais qui ont fait reculer notre pays de plusieurs décennies. Je vous assure que les majorités et les gouvernements pourront changer dans notre pays même par le débauchage, mais vous finirez par fustiger les mêmes maux que vous avez décrié dans le chef des acteurs (extrémistes) des deux camps de la coalition FCC-CASH, notamment les anti-valeurs surtout le tribalisme-népotisme et la corruption sous toutes ses formes y compris le débauchage qui vous est maintenant proposé comme outil pour faire basculer la majorité de votre côté. Votre initiative en tant que garant de la nation, de réunir autour de vous toutes les couches sociales et politiques du pays afin de dégager une approche commune qui puisse privilégier la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale de notre pays et l’intérêt du peuple d’abord et non les intérêts partisans, personnels et étrangers…, n’est pas la première. Rappelez-vous la fameuse Conférence Nationale Souveraine (CNS) qui s’était fixée presque les mêmes objectifs mais sans les atteindre (bras de fer entre l’ancienne Assemblée Nationale ressuscitée par les partisans de Mobutu, l’USORAL ou “L’Union Sacrée de l’Opposition Radicale » dirigée par Etienne Tshisekedi et le Haut Conseil de la République-Parlement de Transition, les accords Mobutu-Tshisekedi à Nice en 1997 alors que Laurent Désiré Kabila était déjà aux portes de Kinshasa; voire même les contradictions entre les accords de Genval, de Genève et de Nairobi. Toujours pas de consensus !). Malheureusement, dans notre pays, la politique qui devrait façonner le meilleur de nous-mêmes semble parfois être la pire. Votre Excellence êtes aussi le produit de la société zaïroise et de la diaspora avec ses pratiques (...).
Eu égard à cet état de chose et compte tenu de bonnes relations que vous entretenez avec votre prédécesseur, moi je vous proposerais de continuer de diriger dans le cadre de la Coalition FCC-CASH, de régler les choses avec vos alliés que vous avez librement choisis au lieu d’engager un bras de fer dont personne ne connait l’issue (que dit l’armée? Il faut à tout prix éviter le scénario Lumumba-Kasa-Vubu. Ceux qui vous conseillent de rompre ont déjà bouffé chez Joseph Kabila et veulent manger à tous les râteliers ! Et si vous les priver de postes, ils deviendront aigris et passeront à l’opposition. Vous ne pourrez pas débaucher tout le monde. Il est évident qu’au Congo, qui dit consultations dit partage des postes et cela depuis 1960. Qu’on se le dise!); mais je vous proposerais de compter surtout sur ceux que vous avez qualifié de «bons travailleurs» au sein de la dite coalition dans votre discours du vendredi 23 octobre 2020 et de donner également la chance aux nouveaux « bons travailleurs » sans distinction de tribus pour la sauvegarde de la souveraineté, de l’intégrité et de l’unité nationale quel qu’en soit le prix, ne jamais trahir le Congo, le peuple d’abord, se prendre en charge, le renouvellement de la classe politique héritée de la Deuxième République, la transformation de nos ressources sur place pour créer des emplois et des marchés au profit de notre peuple sur base de nouvelles technologies, la démocratie participative qui se traduit par l’indépendance de la justice non politisée et de ses acteurs, par l’instauration d’un Etat de droit et par une CENI libre et transparente et par conséquent des élections libres et transparentes.
2. La nécessité des actes à impact visible de votre part:
Pendant que les ténors de chaque camp de la Coalition FCC-CASH se disputent la tenue des manettes politiques et économiques du pays, à travers le contrôle de la Cour Constitutionnelle et la CENI, il y une absence des actes à impact visible susceptibles de soulager un tant soit peut la souffrance du peuple voue aux tueries et massacres, à l’enclavement, à la pauvreté, aux coupures d’eau et du courant, pénurie de transport public, etc., Les dons de différentes fondations ne suffisent pas ! Les infrastructures reconstruites pour désenclaver chaque territoire, les unités de production dans chaque territoire voilà ce à quoi le peuple aspire de la part de l’Etat; ainsi que la mise hors d’état de nuire les « enclavistes » de Minembwe, les groupes armés locaux et étrangers et les Mbororo qui écument les différentes parties du pays, surtout à l’est du pays et qui nous y mènent des guerres par procuration.
3. Positionnement de chaque camp de la Coalition FCC-CASH derrière l’une ou l’autre puissance étrangère (RDC ou champ de bataille des puissances?) pour tirer un soutien en contrepartie de la spoliation des richesses du pays .
Nous avons l’impression que « la continuité de l’Etat » que vous avez évoquée dans votre discours du 23 octobre 2020 ne s’applique pas lorsqu’il s’agit de respecter les contrats qui ont été signés par le régime précédent (y a-t-il des irrégularités remarquées ou y a-t-il de nouveaux commissionnaires qui veulent à leur tour bouffer les commissions juteuses?), notamment en ce qui concerne le Projet Grand Inga 3 et autres. Nous remarquons que les Etas-Unis s’attaquent maintenant à tous les contrats signés par la Chine en Afrique, y compris ici en RDC où de nombreux projets, notamment Inga 3, changent de mains au profit des firmes occidentales. Il faut choisir son camp, mais à quel prix ?
Etude de cas:
A: Kinshasa-Berlin : 10.000 km de rails pour désenclaver la RDC
Infrastructures ferroviaires existantes à réhabiliter ainsi que les « poches noires » à désenclaver. Ce gigantesque programme d’aménagement et de modernisation des rails congolais vise le désenclavement total, d’Ouest à Est et du Nord au Sud (Le Phare).
C'est depuis mon arrivée en Chine en 2009 et après avoir observé le développement rapide de la Chine qui a commencé par les infrastructures, l'énergie et l'agriculture, que je n'ai cessé de marteler la nécessité pour la RDC de construire un chemin de fer et une autoroute reliant toutes les provinces en plus de l'infrastructure naturel que reprisent notre majestueux Fleuve Congo et ses affluents ainsi que nos lacs !
Qu’ils bouffent donc les commissions juteuses mais qu’ils ne laissent pas le pays en dettes insurmontables et des éléphants blancs comme Mobutu l'a fait après avoir bouffé des commissions juteuses!
B : Trois semaines se sont écoulées et nous ne voyons aucun travail qui a commencé ici! C'est une grosse blague!
Référence à:
Construction du projet INGA 3: Felix Antoine Tshisekedi recale le consortium sino-espagnol et opte pour Fortescue Metal Group (FMG) australienne. Nous ignorons les critères qui ont poussé FATSI à se débarrasser des Chinois (commissions juteuses avancées par le plus offrant? Une politique étrangère ouvertement ou manifestement pro-américaine ou anglo-saxonne?) De toutes les façons le Congo n'est pas à vendre à qui que ce soit!
Processus:
1. En janvier 2020, Le constructeur ACS qui, avec AEE Power Holding, formait la partie espagnole du consortium sino-espagnol choisi par le Président Kabila en charge de la construction du barrage d’Inga III annonce son retrait du projet.
2. Le magazine Africa Intelligence dans son édition de juin 2020, confirme le retour du géant minier australien BHP Billiton après son retrait du projet en 2012. A l'invitation de Kinshasa, BHP Billiton, a participé à une conférence virtuelle avec les autorités congolaises sur le grand projet Inga.
3. En août 2020: Six entreprises chinoises réunies autour de China Three Gorges Corp, ainsi que AEE Power Holdings, basée à Madrid, en Espagne, annoncent la formation d'un consortium pour le développement du projet hydroélectrique Inga III. Dans le sillage de cet accord, l'Afrique du Sud renouvelle son intérêt pour ce méga projet hydroélectrique qui produira 11 050 MW.
4. En Septembre 2020: Felix Antoine Tshisekedi subitement signe un accord d'investissement entre l'Etat congolais et Fortescue Metal Group de l'Australie sur le projet Inga 3 jusqu'à Inga 8.
«Fortescue Metal Group promet le démarrage du projet dans 3 semaines», selon Alexis KAYEMBE DE BAPEMBE.
Le Conseiller Spécial du Chef de l'Etat pour les Infrastructures, Alexis KAYEMBE DE BAPEMBE s'est adressé à la presse, suite à la signature de cet accord d'investissement entre l'Etat congolais et Fortescue Metal Group sur le projet Grand Inga, dont le démarrage est prévu pour trois semaines.
«Vous savez que nous parlons d'INGA, INGA, INGA depuis plus de 60 ans et il y a eu pas mal d'investisseurs, pas mal de développeurs qui ont néanmoins manifesté un intérêt pour investir, mais il y a toujours eu des conditions, il doit y avoir marchés, il doit y avoir des garanties, il doit y avoir des garanties souveraines, mais aujourd'hui, ce qu'ils offrent, c'est un modèle économique très fort, ce qui est important, c'est comment ils ont signé le MOU aujourd'hui, et ils nous ont promis dans trois semaines, ils commencent déjà le projet. Et aujourd'hui, ils ne veulent pas partir à la recherche des off Techs comme on les appelle, des consommateurs parce qu'ils apportent de l'énergie à la RDC », a-t-il déclaré.
Rappelons que le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a reçu en audience, une délégation d'entrepreneurs australiens du Fortescue Metal Group (FMG), dirigé par son président fondateur, ANDREW FOREST, le mercredi 16 septembre 2020, au Palais de la Nation à Kinshasa.
By Beny MPEZO Last updated Sep 18, 2020