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3 décembre 2020 4 03 /12 /décembre /2020 09:47
Mobutu le «Léopard zaïrois» en 7 motsKINSHASA, ZAÏRE: le Président Français Valery Giscard d'Estaing (à gauche) et son homologue Zaïrois Mobutu Sese Seko, tous deux portant des toques en peau de léopard, plaisantent le 08 août 1975 lors d'une réception à l'hôtel de ville de Kinshasa lors de la visite du chef de l'Etat français au Zaïre.

La descente aux enfers du régime Mobutu: Facteurs

1. La performance de la Forces Armées Zairoises (FAZ) lors des invasions Shaba de 1977 et 1978 s'est avérée désastreuse. Les FAZ ont non seulement échoué à arrêter les invasions, mais ont montré leur disposition habituelle à voler et à piller les biens civils. Ce n’est qu’après l’intervention des troupes marocaines en 1977 et de la Légion étrangère française en 1978 que les envahisseurs ont été refoulés en Angola, accompagnés de milliers de civils fuyant leur patrie par crainte de représailles.

Les invasions de 1977 et 1978 ont été menées par le Front pour la Libération Nationale du Congo (FLNC) de Nathanael Mbumba, le seul mouvement d’opposition zaïrois qui revendiquait à l'époque une certaine crédibilité. Les origines lointaines du FLNC remontent aux gendarmes katangais de Tshombe, dont beaucoup avaient trouvé refuge en Angola après la sécession; d’autres ont été incorporés dans l’armée zaïroise, et les rares survivants des mutineries de Kisangani de 1966 et 1967 ont fui au Rwanda. Sur les quelques milliers de personnes qui ont trouvé refuge en Angola en 1963, beaucoup ont rejoint les unités irrégulières alors assemblées par les Portugais (les soi-disant « Flèches Noires ») pour combattre les insurgés angolais. En 1968, les « Black Arrows » se sont transformés en FLNC. Méfiant naturellement de Mobutu et du FNLA avec lequel il était allié, alors que la domination portugaise était sur le point de s’effondrer en 1974, le FLNC a apporté son soutien au MPLA.

Après l’indépendance de l’Angola, le FLNC est retourné dans son sanctuaire d’origine, près de la frontière du Shaba. C’est à partir de cette zone de base que les «rebelles» ont lancé leur première invasion dans le Shaba, le 8 mars 1977. Les villes de Dilolo, Kisenge et Kapanga, toutes situées au sud et à l'ouest de Shaba, sont tombées entre leurs mains avec peu ou pas de résistance des FAZ. À la mi-avril, alors que le FLNC se rapprochait de Kolwezi, une importante ville minière du sud du Shaba, Mobutu a lancé un appel urgent à l’assistance militaire à la France de Valery Giscard d’Estaing et au Maroc, et peu de temps après, des avions de transport français ont procédé au transport aérien des troupes marocaines vers Shaba. Ne voulant pas engager les Marocains, les envahisseurs se sont rapidement repliés en Angola. Les unités des FAZ sont alors intervenues pour orchestrer une « campagne de pacification » brutale qui a conduit à un exode massif de la population civile vers l’Angola.

Un an plus tard, en mai 1978, le FLNC a lancé une autre invasion dans le Shaba, cette fois depuis la Zambie. Une fois de plus, la performance du FAZ s'est avérée moins que spectaculaire. Ne rencontrant pratiquement aucune résistance de la part de l'armée zaïroise, les unités attaquantes se sont installées à Kolwezi le 13 mai. Accueillies comme des libérateurs par les jeunes et les chômeurs, dont beaucoup ressentaient amèrement la présence d'un groupe important d'expatriés dans cette grande ville industrielle, le FLNC le leadership paraissait totalement incapable de contrôler ses troupes, et encore moins les Zaïrois qui avaient spontanément jeté leur sort avec les envahisseurs et qui prenaient désormais la loi entre leurs mains. Des dizaines d’Européens ont été massacrés, certains par le FLNC, d’autres par des civils zaïrois, et bien d’autres encore, selon des observateurs avertis, par des troupes zaïroises soucieuses de piller les biens européens.

Comme lors d’occasions précédentes, les FAZ s’est révélé être un peu plus qu’une canaille. Ce n’est que le 19 mai, après que les parachutistes de la Légion étrangère française et de la Belgique ont été transportés par avion dans le Shaba, que Kolwezi a été repris.

Paris a déployé 600 soldats de la Légion étrangère et les États-Unis ont transporté par avion 1 700 fantassins et soldats belges à Kamina, à environ deux cents kilomètres au nord de Kolwezi. Les forces françaises et belges ont reculé de plusieurs mois plus tard, les troupes des FAZ ont rétabli un semblant d’autorité. Une «Force interafricaine» nouvellement créée, composée de 1 500 Marocains, 600 Sénégalais et de petits contingents du Togo, du Gabon et de la Côte d’Ivoire, a complété la faible armée de Mobutu. La Force interafricaine est restée jusqu’en août 1978, date à laquelle les dernières unités marocaines et sénégalaises sont parties, un mois après que le président Mobutu et le président angolais Neto ont accepté de retenir les restes du FLNC du général Mbumba et du Front national pour la libération de l’Angola (FNLA) de Holden Roberto. À ce moment-là, plus de 100 résidents européens avaient perdu la vie ainsi qu’un grand nombre d’habitants de Kolwezi et de soldats des FAZ et du FLNC. De nouveau, des centaines de rebelles se sont retirés en Angola, anticipant la vengeance des FAZ de Mobutu.[1]

Les allégations zaïroises d’implication conjointe soviéto-cubaine dans les invasions du Shaba ont contribué à susciter une réponse favorable des amis de Mobutu (France, Belgique et États-Unis) à sa demande d’assistance militaire immédiate. Mais les preuves à l'appui de ces allégations sont au mieux rares. Outre le rôle joué par le FLNC dans la conduite des invasions, la forte détérioration de l'économie zaïroise après 1975, associée à la croissance rapide du sentiment anti-mobutiste dans la ceinture de cuivre et ailleurs, ont été des facteurs cruciaux derrière les crises du Shaba en 1977. et 1978. Ses références anti-soviétiques impeccables ont néanmoins donné à Mobutu des garanties de soutien occidental contre ses ennemis nationaux, ainsi que des récompenses substantielles sous forme d'aide au développement et d'aide militaire des États-Unis.

Plus tard, Mobutu a converti la base de Kamina en un maillon majeur de la route d’approvisionnement pour les expéditions d'armes à l’Union nationale de Jonas Savimbi pour l’Indépendance Totale de l’Angola (Uniao Nacional para a Independencia Total de Angola - UNITA). Ce faisant, il a de nouveau bénéficié de la convergence de ses objectifs de politique étrangère régionale et des objectifs stratégiques des États-Unis en Afrique australe. L’approbation par Mobutu des objectifs de sécurité des États-Unis en Afrique australe a permis à son régime de bénéficier financièrement de l’aide étrangère tout en résistant aux pressions nationales en faveur de réformes économiques, sociales et politiques.[2]

1977-1978 : Après les deux guerres du Shaba, Mobutu, sous pression occidentale, annonce quelques mesures de démocratisation (élections à la soviétique) mais en 1980, il se révise et révoque ces mesures (maintien du monopartisme).

Rappelons qu’à la fin de 1974, afin de contrecarrer l’influence grandissante du Mouvement Populaire (néo-marxiste) pour la Libération de l’Angola (Movimento Popular de Libertacao de Angola - MPLA), Mobutu choisit de peser sur le Front national pro-occidental de Holden Roberto pour la Libération de l’Angola (Frente Nacional de Libertacao de Angola - FNLA), et en juillet 1975, avec l’indépendance angolaise au coin de la rue, des unités de l’armée zaïroise se sont introduites en Angola et ont rejoint le FNLA dans un effort de prendre le contrôle de la capitale 

Soucieux d’empêcher la victoire du MPLA soutenu par les Soviétiques et cubains, Mobutu a envoyé plusieurs bataillons de l’armée zaïroise en Angola pour soutenir les forces anti-MPLA grâce à l’aide militaire américaine. Ces unités ont avancé vers le sud en direction de Luanda avec des éléments FNLA et sont également entrées dans Cabinda avec les forces du Front de Libération de l’Enclave de Cabinda (Frente para a Libertacao do Enclavo de Cabinda - FLEC). Au cours du mois d’octobre 1975, les forces FAZ/FNLA ont avancé en direction de Luanda, rencontrant progressivement une résistance croissante des unités du MPLA défendant la ville, agissant de concert avec les restes des anciens gendarmes katangais. Les forces du MPLA ont reçu l’aide d’exilés zaïrois et d’unités cubaines.

Finalement, les soldats cubains soutenant le MPLA ont infligé une défaite dévastatrice aux unités zaïroises-FNLA. Cette force combinée a mis en déroute les soldats zaïrois / FNLA et a contre-attaqué, les envoyant fuir vers la frontière zaïroise. Alors que les FAZ se retiraient, ils se désintégraient en bandes désorganisées pillant la campagne. Selon l'historien Crawford Young, le résultat pour Mobutu n'aurait guère pu être pire: «une défaite humiliante pour l'armée; le retranchement de ses ennemis à Luanda; et l’exposition du Zaïre en tant que partenaire junior» aux États-Unis et en Afrique du Sud.[1] 


[1] John Pike, “Zaire Involvement in Angola”, GlobalSecurity.org, 2000.


[1] Edgar O’Ballance, The Congo-Zaire Experience, 1960–1998 (Basingstoke, UK: Macmillan, 2000), 125–32;

[2] John Pike, “Zaire Involvement in Angola”, GlobalSecurity.org, 2000.

 

 

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