Est-ce l’ultime passe d’armes entre l’ancien président et son successeur ? Alors que la Garde républicaine qui assurait la sécurité de Joseph Kabila est remplacée par des policiers, certains dénoncent une désacralisation de l’ex-chef de l’État.
Machiavel machiavelisé ? Au jeu du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », le clan du président Félix Tshisekedi excelle et assène des coups symboliques à l’ancien régime.
Beaucoup d’observateurs riaient pourtant sous cape quand le Medvedev congolais décida de s’émanciper de son Poutine local. À l’issue de la dernière présidentielle, le chef de l’État élu apparaissait comme le bénéficiaire d’une alternance en trompe-l’œil, tout comme le candidat de l’ancien régime, Emmanuel Ramazani Shadary, ressemblait, a posteriori, à un dauphin en carton-pâte.
Dans l’ombre, aux manettes d’une majorité censément solide, confortablement installé dans son fauteuil de sénateur à vie, l’impénétrable Joseph Kabila attendait que le pouvoir lui revienne comme un boomerang.
Cheval de Troie
Mû par un regain d’orgueil, l’élu déploya patiemment sa stratégie : un cheval de Troie dans le cheval de Troie d’une majorité kabiliste qu’on croyait verrouillée. Deux ans après son accession à la magistrature suprême, au tournant de l’année 2020 et au début de 2021, « Fatshi » a fissuré patiemment le clan de son allié de circonstance.
Après avoir obtenu le départ de la présidente de l’Assemblée nationale, une majorité d’« Union sacrée de la nation » de 391 députés et le changement de Premier ministre, il restait à Tshisekedi quelques mesures symboliques à prendre, qui frisent l’humiliation de son prédécesseur…
Celui qui régna sur la RDC pendant dix-huit ans sera désormais gardé par 75 « simples » policiers…
Quelques jours auparavant, plusieurs centaines de Gardes républicains qui protégeaient Joseph Kabila et l’ensemble des lieux où évoluait sa famille proche ont été rapatriés dans leur unité d’origine.
Il y a deux semaines déjà, à Kinshasa, étaient enlevés les barrières, voitures blindées et chars qui empêchaient l’accès au monument érigé en hommage à Laurent-Désiré Kabila et à la rue kinoise où se situe la résidence du « président honoraire » et « sénateur à vie » Joseph Kabila. Celui qui régna sur la RDC pendant dix-huit ans sera désormais gardé par 75 « simples » policiers…
Bien entendu, les tshisekedistes ont beau jeu de rappeler que la loi affecte la Garde républicaine à la seule protection du chef de l’État en exercice. Il n’empêche. La figure de Kabila est d’autant plus désacralisée que des badauds curieux peuvent désormais faire des selfies à proximité de sa porte d’entrée. Ce week-end, à Lubumbashi, le départ des Gardes républicains affectés aux propriétés de l’ancien président a même suscité des rumeurs…
À malin, malin et demi ?
Reste à savoir si la guéguerre entre le fils d’Étienne et celui de Laurent-Désiré sera une partie de billard français à trois bandes. À malin, malin et demi ? Toujours jeune pour un dirigeant politique, Joseph Kabila sortira-t-il un ultime tour de sa besace politicienne ? Il aurait quitté sa ferme de Lubumbashi pour chercher l’inspiration en Zambie puis aux Émirats arabes unis. Objectif 2023 ?