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2 février 2025 7 02 /02 /février /2025 08:20
RDC RWANDA DIPLOMATIE

Félix Tshisekedi se cherche une stratégie diplomatique

Le président congolais peine à mobiliser ses soutiens, qui s'effritent et semblent ne plus croire en sa capacité de reprendre le contrôle de la situation. 

Il s'est tourné, en vain, vers l'Angola et mise sur la SADC comme dernier bloc régional en mesure de faire pression sur le Rwanda. 

Conscient de jouer sa survie politique dans la crise qui l'oppose au Rwanda et au M23, Félix Tshisekedi, en quête de soutien, compte ses alliés. 

Le président congolais, de plus en plus isolé sur la scène régionale, s'est tourné vers le puissant voisin angolais. Le 29 janvier, en début d'après-midi, il est cependant reparti amer de sa visite éclair à Luanda, où il était arrivé avec plus de deux heures de retard, ce qui a agacé son hôte. 

Au cours de l'entretien avec son homologue João Lourenço, Félix Tshisekedi a tenté de démontrer la volonté du président rwandais Paul Kagame de le renverser et de fragiliser, par le même coup, l'Angola sur la scène diplomatique.

Sans toutefois parvenir à convaincre le chef de l'État angolais d'intervenir en sa faveur et de l'aider sur le plan politique et militaire. 

Bien que préoccupé par l'action rwandaise et la prise de Goma par le M23 qui oeuvre à étendre son territoire au Sud-Kivu, João Lourenço, comme la plupart de ses homologues de la région, attribue une part de responsabilité au système Tshisekedi, considéré comme faible et inefficace tant sur le plan politique que diplomatique et militaire. 

L'Angola qui s'apprête à prendre la présidence tournante de l' Union africaine (UA), s'est particulièrement investi dans cette crise comme médiateur, sans parvenir à arracher un accord de paix (AI du 03/09/24). 

Silence coupable 

À son retour à Kinshasa, Félix Tshisekedi a adressé dans la soirée un discours à la nation, dans lequel il a dénoncé le silence coupable de la communauté internationale face à l'agression rwandaise. 

Ses partenaires, en réalité, ont été pris de court par l'offensive de Goma, qu'ils n'avaient pas anticipée. Chaque acteur cherche désormais à gagner du temps pour évaluer la situation, jugée particulièrement volatile et incertaine, tout en misant sur l'intercession des organisations régionales. 

C'est le cas en particulier de la Southern African Development Community (SADC) qui cherche à peser sur le conflit. L'organisation, qui tient un sommet des chefs d'État et de gouvernement dans l'après-midi de ce vendredi 31 janvier au Zimbabwe, est la seule en qui Félix Tshisekedi place son espoir pour faire pression sur Kigali. 

La présidence congolaise se montre à l'inverse beaucoup plus hostile à l'égard de l' East African Community (EAC), qui tente de replacer le processus de Nairobi au coeur du jeu, tout comme l'Angola. 

La cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, s'est dite disposée à intégrer le M23 aux groupes armés concernés par ce processus, une annonce néanmoins tardive. 

Le mouvement rebelle, désormais en position de force quant à d'éventuelles négociations, exige un dialogue direct avec Kinshasa.

Avec l'EAC, Kinshasa entretient des relations tendues après avoir, en décembre 2023, mis un terme à la présence de sa force régionale opérant au Nord-Kivu, qu'il avait initialement demandée. 
 
À cela s'ajoute le climat de méfiance et de suspicions entre Félix Tshisekedi et son homologue kényan, William Ruto, qui ne se cache pas de lui préférer le Rwandais Paul Kagame.
Le Congolais n'a pas donné suite à l'invitation au sommet extraordinaire de l'EAC, qui s'est tenu à distance cette semaine, sur la situation dans l'est de la RDC.

Il mise plutôt sur la SADC, et en particulier sur l'Afrique du Sud, dont le président, Cyril Ramaphosa, semble déterminé à peser sur la situation, quitte à mettre en péril sa relation, traditionnellement tendue, avec le Rwanda de Paul Kagame, qui s'est, de plus, dégradée ces derniers jours. 

Toutefois, Cyril Ramaphosa doit composer avec un gouvernement de coalition et l'implication de soldats sud-africains, dont treize sont morts au sein de la force régionale de la SADC, qui suscite de vifs débats politiques. Sa marge d'action s'en trouve ainsi limitée.

Enlisement et télescopage 

La présidence Tshisekedi, qui connaît un risque élevé d'enlisement et de télescopage des différentes initiatives régionales, poursuit son plaidoyer pour des sanctions ciblées contre des hauts responsables politiques rwandais.
 
Cet appel est relayé par sa ministre des affaires étrangères, qui s'est lancée dans un marathon diplomatique après les deux réunions fin janvier du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU).
 
Elle s'est rendue dans la foulée à Washington, où elle cherche à faire entendre la voix de la RDC auprès de la nouvelle administration de Donald Trump, qui n'est toutefois pas encore tout à fait installée.
 
Le secrétaire d'État Marco Rubio s'est néanmoins entretenu par téléphone avec Félix Tshisekedi, le 27 janvier.

En outre, la cheffe de la diplomatie congolaise est prochainement attendue à Bruxelles. Dans les institutions européennes, l'appel à des sanctions contre Kigali peine à être suivi d'effet. Au sein des instances de l' Union européenne (UE), la Belgique est le seul pays à avoir clairement requis des mesures concrètes contre le Rwanda. 

Lors d'une réunion, le 28 janvier, du Comité politique et de sécurité (COPS) de l'UE, la partie belge a appelé à une suspension de la coopération avec Kigali. Cette demande concerne notamment l'appui financier européen à l'intervention de la Rwanda Defence Force (RDF) dans la province mozambicaine de Cabo Delgado. 
 
Les autres États membres, s'ils n'ont pas fermé la porte à des sanctions, entendent patienter encore un peu. 
 
C'est le cas de la France, qui fait montre d'une certaine ambivalence à l'égard du Rwanda, dont elle est devenue l'un des principaux partenaires sur le Vieux Continent. Emmanuel Macron, qui a multiplié les appels à ses homologues de la région ces derniers jours, souhaite néanmoins éviter de voir des personnalités stratégiques du pouvoir de Paul Kagame être ciblées par des sanctions.
 
Le dossier a été renvoyé à la prochaine réunion du groupe de travail sur l'Afrique (COAFR, composé de représentants des Vingt-Sept, et qui relève du Conseil de l'UE), qui se tiendra le 12 février.
 
De son côté, Londres menace d'oeuvrer à la suspension de l'aide internationale perçue par le Rwanda qui l'a d'ores et déjà anticipée. Minées par les divisions, les organisations multilatérales risquent de voir leur action paralysée.

Bukavu, prochaine cible du M23 

En attendant, les communiqués condamnant la prise de Goma ne semblent pas avoir de prise sur Kigali, qui a mobilisé plusieurs milliers d'hommes dans son offensive aux côtés des rebelles. Plus encore, la RDF entend pousser son avantage.

Après Goma, dont la sécurisation est encore loin d'être achevée, la ville lacustre de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, fait figure d'objectif prioritaire du M23 dans les prochains jours.

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), qui avaient concentré l'essentiel de leurs troupes et de leur équipement à Goma, notamment au niveau de l'aéroport, n'ont plus qu'une seule ligne de défense au Sud-Kivu : l'aérodrome militaire de Kavumu, à quelques dizaines de kilomètres de Bukavu. 

Au-delà de la capitale provinciale du Sud-Kivu, la RDF et les troupes du M23 pourraient se projeter jusqu'à la ville d'Uvira, sur les rives du lac Tanganyika. Si elle se confirmait, cette stratégie placerait l'armée rwandaise et les rebelles en plein coeur de la zone d'influence du Burundi. 

Comptant parmi les derniers alliés de Kinshasa, Gitega a déployé dans la guerre contre le M23 son armée dans le Nord-Kivu tout en combattant dans le Sud-Kivu les rebelles des RED-Tabara. 

Cette situation menace de placer le président Évariste Ndayishimiye face à un dilemme : reculer devant la puissance de feu de l'adversaire ou affronter le M23 et la RDF, avec le risque de déclencher une guerre avec Kigali.
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