Alors que les habitants de Bukavu craignaient l’arrivée des rebelles du M23 dont les premières colonnes étaient signalées à Katana, la situation semble avoir basculé, tant sur le
plan politique que militaire. Le M23, qui se trouvait à Sake, au nord de Goma, en a été chassé par les forces gouvernementales alliés à des groupes Mai Mai, après trois heures de
combat. Du côté congolais, on assure que les militaires rwandais, après avoir soutenu les rebelles, ont repassé la frontière jeudi tandis que des bombardements congolais sur la
ville rwandaise de Gisenyi, en milieu de semaine, auraient fait des victimes. Mais la bataille est surtout diplomatique
: alors qu’il se préparait à tenir une conférence de presse à Goma, le président du M23, Jean Marie Runiga, est brusquement parti pour Kampala, rappelé par le président
Museveni. Rappelons que la veille, les trois présidents, Kabila, Kagame et Museveni, avaient appelé le mouvement rebelle à se retirer de la ville de Gomaet à stopper l’offensive
tandis que le M23, de son côté, exigeait un dialogue avec le chef de l’Etat, portant sur des revendications d’ordre militaire mais aussi sur des problèmes de gouvernance et de
démocratie.
En début de soirée, on s’attendait à ce que le M23 annonce son retrait de Goma, à la suite de fortes pressions exercées qui auraient été exercées par le secrétaire général de l’ONU
Ban Ki Moon dans un message personnel aux deux présidents.
Il apparaît aussi que les pays de la SADCC (conférence des Etats d’Afrique australe) n’entendaient pas rester indifférents face aux développements de la situation au Kivu et au
risque de déstabilisation à Kinshasa et que des pays comme l’Angola ou le Zimbabwe auraient accéléré des plans d’intervention directe. Cette internationalisation de la guerre aurait
fait reculer la région d’une décennie, au temps où six armées africaines s’affrontaient en terre congolaise. Un risque que nul ne voulait prendre. Restera à savoir, si les
hostilités devaient prendre fin, quel aura été le prix consenti par le président Kabila.
Controffensive des FARDC:
Leçons stratégiques à tirer de la chute de Goma
Par SILUBWE Moké Bonaventure
Les FARDC auraient déclenché une controffensive vers Goma en reprennant le fort militaire de Sake à l'entrée de Goma. C'est bien de ne pas laisser les M23 dormir sur leurs
lauriers.
Le ravitaillement des FARDC est essentiel en ce moment ainsi que les renforts en hommes. Le problème de cet assaut des FARDC est de parvenir à couper le ravittaillement
des M23 par le RWABDA, cette difficulté est liée au positionnement actuel du théâtre des opérations, qui permet plus que jamais au M23 de contrôler
totalement sa principale ligne de ravitaillement et de replis vers le RWANDA.
En laisant tomber Goma, Joseph KABILA aurait peut-être joué aux échecs. Il a voulu, "perdre une bataille pour gagner la guerre", comme il l'a dit à la télévision. En
1942, lors de la plus grande bataille de l'histoire moderne, la bataille de Stanlingrad, Stalin a fait la même stratégie.
Autrement dit, si les généraux des FARDC ont manifestement trop compté sur la MONUSCO, ils ont peut-être aussi un avantage stratégique à donner le dernier assaut
contre le M23 à la porte du Rwanda (Goma), désormais vers la portie de sortie. C'est la stratégie de diversion, "de qui perd gagne", avec comme objectif
militaire pour Joseph KABILA de déplacer les M23 de leur poche de résistance intérieure à la frontière avec l'Ouganda, vers la frontière avec le Rwanda.
Si le M23 résiste à cet assaut, c'est que nos FARDC sont moins ravitaillés que le Rwanda ne le fait aux M23. La guerre s'est déplacé donc et la victoire
définitive se présente mieux militairement, à condition d'assurer le ravitaillement en arme et autres ingrédients aux FARDC ainsi que la relève des troupes tous les 3
jours maxi.
On peut donc pronostiquer que la configuration géographique du théâtre des opérations contre le M23 à l'Est du territoire national a changé en faveur d'une solution
finale contre l'ennemi, sauf pour Joseph KABILA et ses généraux à monter en puissance en hommes et en matériels plus vite que le ravitaillement de Paul KAGAME aux
M23. Le soutien logistique rwandais en hommes et matériels au M23 est désormais plus facile à établir par satellite à Goma qu'ailleurs, dès lors que les lignes de
ravitaillement du Rwanda au M23 se sont retraicies à la seule frontière avec le Rwanda.
C'est le moment pour le Gouvernement de la RDC de solliciter et payer les services de surveillance satellite des pays amis (Chine et autres), pour filmer en
flagrance, le soutien de Paul KAGAME au M23.
SILUBWE Moké Bonaventure
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