30 juin 2013
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Eglise Catholique Romaine en RDC: La logique n'est pas de ce monde!
Alors que ses représentants ont bel et bien été présents à toutes les étapes de désignation d’un candidat membre de la CENI par les confessions
religieuses, alors que la majorité des délégués des confessions religieuses du pays viennent de faire le choix gagnant pour des élections crédibles dans le futur, une confusion se crée au sein de
l’Eglise catholique et met les fidèles en situation de désarroi
Aujourd’hui encore et sans gêne, les Secrétaires généraux de la CENCO, bien que battus aux élections préliminaires internes aux confessions religieuses
de vendredi dernier, lesquelles ont donné 7 voix en faveur du très distingué Abbé Apollinaire Muholongu Malumalu contre une voix seulement au profit du candidat Léon Botolo, proche du Cardinal,
s’arrangent pour ouvrir le feu contre leur confrère dont l’expertise électorale est reconnue tant sur le plan national qu’international. Cette situation risque de saper dangereusement l’image de
cette Eglise que d’aucuns attribuent désormais à un seul individu en RD-Congo.
A travers cette mise au point tardive de la CENCO, ce groupe des Secrétaires généraux de la CENCO vient de relancer sa guerre contre la démocratie en République Démocratique du Congo.
Cette guerre larvée qui gisait depuis 2006 lorsque déjà, un prélat catholique s’était farouchement opposé à la désignation de l’Abbé Malumalu au poste de président de la CEI (Commission
Electorale Indépendante).
Les délibérations des dernières élections organisées entre les délégués et représentants des confessions religieuses de la République Démocratique du Congo le vendredi dernier n’ont même pas
encore été révélées que déjà, certains prélats de l’Eglise catholique s’agitent. A travers un communiqué brusque et creux, il vient d’ordonner l’Abbé Félicien Mwanama, Secrétaire général adjoint
de la CENCO de déclarer tous les ecclésiastiques non partants dans la course pour la CENI.
Le communiqué qui dit engager toute l’Eglise catholique se réfère hâtivement aux dispositions canoniques (cfr canon 287, 672 et 739). Des dispositions qui, à l’article 287 stipulent nous citons
« Les clercs s’appliqueront toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice », alors que les deux autres articles ne s’intéressent
qu’aux religieux et ne concernent pas les prêtres séculiers.
Comme pour dire que cette mise au point est prise par les Secrétaires généraux de la CENCO pour faire du mal au peuple qui veut que cette institution soit dirigée par un membre de la Société
civile, de surcroît un prêtre de son état.
C’est ici justement que d’aucuns s’opposent à cette attitude acharnée de la Cenco contre la volonté de la majorité des confessions religieuses de la RD-Congo. En effet, sur les 8 confessions
religieuses représentées à la réunion d’harmonisation et de choix du candidat commun, 7 membres ont fait le choix de l’Abbé Apollinaire Malumalu. Un choix de raison puisqu’il est d’abord question
de présenter un candidat valable et capable de remonter la réputation du système démocratique de la Rd Congo. Il est aussi question de privilégier la technicité du candidat afin d’éviter de
sombrer dans une nouvelle aventure d’autodidactie électorale.
Ne pas effacer l’histoire s’il vous plaît !
L’Eglise catholique est composée de têtes pensantes. Mais lorsque ces têtes pensantes prennent certaines décisions, on est en droit de se demander ce qui les aurait motivées. En plus, prétendre
effacer un pan de l’histoire, serait à nos yeux très suicidaire. Car en effet, qui oubliera qu’un prélat avait dirigé les travaux de la Conférence nationale souveraine (CNC) ?
Un autre ecclésiastique, le premier à palper la réalité de l’organisation des élections dans la jeune démocratie congolaise, c’est l’Abbé Malumalu. Pour des élections essentiellement financées
par la Communauté internationale, Malumalu a réussi là où nombreux ne lui donnaient aucune chance. En plus, il a réussi ce pari tout en n’étant pas soutenu par la haute hiérarchie de l’Eglise
catholique qui avait contesté son choix. Lorsqu’il avait présidé la Conférence Nationale Souveraine, ce prélat ne s’était-il pas mis en marge des dispositions canoniques ? Si oui, pourquoi
cette interdiction tardive n’est mise en exergue que maintenant ? L’histoire est têtue et nul ne peut se permettre de l’effacer car un peuple sans histoire est un peuple sans âme.
Des catholiques siègent bel et bien dans les commissions électorales en Afrique
Quand la politisation s’accommode avec de fautes récurrentes, ce qu’il y a un agenda caché. Car au Cameroun comme dans bien des pays du continent noir, des prêtres voire des évêques sont membres
de l’administration électorale. En République Démocratique du Congo, une seule exception a été enregistrée en 1992 avec la désignation politique de Monseigneur Laurent Monsengwo Pasinya en
qualité de président de la Conférence Nationale Souveraine et du Haut Conseil de la République, Parlement de Transition (HCR-PT) par le président Mobutu et où il avait fait élire l’opposant
Etienne Tshisekedi comme Premier ministre.
Heureusement que ce choix de l’époque n’avait pas heurté les consciences opportunistes comme c’est le cas aujourd’hui. Retenons toutefois qu’à chaque désignation d’un responsable de la commission
électorale en RD-Congo, des pressions se déchaînent. Viendront-elles ternir l’image de marque de l’Eglise ?
Et pourtant, l’organisation des élections dans le monde n’est pas une entreprise qui est confiée aux néophytes, aux gens qui n’ont aucune connaissance en matière électorale. C’est donc quelque
chose qui exige la technicité et la connaissance en la matière. A ce jour, il s’avère que seul Malumalu a une expérience à vendre et est capable de relever un tel défi. Pourquoi alors ne pas lui
donner cette énième chance afin de participer à la cimentation de la démocratie en Rd Congo à travers les élections ?
C’est le moment d’expliquer à tout le monde que pour présider une institution comme la CENI, il ne suffit pas seulement que la hiérarchie de l’Eglise catholique, qui est une sous-composante de la
composante Confession religieuse, elle-même sous-composante de la composante Société civile puisse donner son aval. L’on doit savoir que l’article 53 bis de la nouvelle loi sur la CENI donne au
Bureau de l’Assemblée Nationale le pouvoir de prendre toutes les dispositions aux fins de l’installation effective de nouveaux organes de la CENI dans le délai de quarante-cinq jours à compter de
la promulgation de la présente Loi.
Comme pour dire qu’en cas de blocage et pour concourir au respect de cette disposition, le Bureau de l’Assemblée nationale peut proposer une solution qui ne doit pas toujours rencontrer la
position de l’Eglise catholique. La menace d’un groupe des Secrétaires généraux de la CENCO devra être considérée comme nulle et non avenue, d’autant qu’au lieu de chercher l’expertise ailleurs,
le pays a au moins la possibilité de recourir à quelqu’un qui a fait déjà ses preuves et à qui on ne pourra plus tout expliquer. En tout cas, mieux vaut un démon qu’on connaît qu’un saint qu’on
ne connaît pas.
L’Avenir