RD CONGO 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sifya Grands Lacs

 

http://www.syfia-grands-lacs.info/index.php?view=articles&action=voir&idArticle=2911

 

Le succès enregistré en mai dernier au Nord de Goma par les militaires congolais face aux combattants du M23, a redoré l'image de l'armée. Malgré leurs difficultés, les populations, satisfaites et rassurées, encouragent et soutiennent les soldats.

Le 20 mai dernier, les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ont enregistré un succès retentissant face aux combattants du M23 qui tentaient de prendre position à Mutaho, à 10 km de Goma. Bien armés, les militaires ont fait preuve de motivation et de détermination pour défendre cette position stratégique pour les rebelles pour tout assaut sur Goma. Une fois n'est pas coutume, le courage des FARDC a été vivement salué par les populations et par les autorités provinciales. "Nous devons féliciter et encourager nos combattants, pour leur courage et leur détermination", déclare Julien Paluku Kahongya, gouverneur de la province du Nord Kivu, à l'occasion de la distribution de matelas et de draps aux soldats blessés admis à l'hôpital militaire de Katindo. 
Un succès d'autant plus apprécié qu'il était inespéré pour les habitants de la province, qui craignaient la reprise de Goma par les rebelles qui avaient occupé la ville pendant une dizaine de jours en décembre dernier, après avoir défait les FARDC. 

Soutenir les troupes
"La population nous huait à la fin de l'année dernière, lorsque nous avions amorcé notre retrait, après notre défaite contre le M23. Aujourd'hui, on nous récompense, alors que nous n'avons rien demandé", se réjouit un commandant de la force gouvernementale. 
Fiers, motivés et la mine joyeuse, les militaires marchent en file indienne sur la route Kibarabara, dans la commune Karisimbi, empochant au passage l'argent offert par des motards et passants. "Nous n'avons pas beaucoup de moyens mais la paix vaut tous les sacrifices. Nous donnons donc du peu que nous avons, pour encourager nos soldats", déclare Richard Ndege, un taximan moto, qui apprécie les efforts des populations pour remonter le moral des troupes.
Les militaires sont satisfaits et reconnaissants envers la population. "Nous vous remercions d’avoir pensé à nous et surtout, de reconnaître la valeur et la détermination qu’a l’armée congolaise pour combattre les assaillants", s'exclame Olivier Amuli, porte-parole de la 8e région militaire, qui recevait 1200$ récoltés par le collectif des femmes du Nord Kivu, somme destinée aux militaires encore au front.

Maintenir l'élan
Fort de ce soutien, les militaires sont gonflés à bloc et ne demandent qu'à en découdre avec les rebelles. Ils ne sont d'ailleurs pas contents de la trêve qui leur est imposée depuis le 25 mai. Un commando qui regrette d'avoir abandonné le front peste : "Pourquoi une trêve, alors que nous avions l'avantage? A ce rythme, ce n'est pas demain que nous allons reconquérir l'ensemble du territoire et libérer les populations qui souffrent." 
Arrivé à Goma le 24 mai, Ban Ki Moon, Secrétaire général de Nations Unies, a insisté sur le rôle capital des FARDC et la confiance à accorder aux militaires congolais. "La brigade internationale de l'Onu ne peut pas se substituer aux FARDC, même si elle est bien équipée, avec comme mission le maintien de la paix. Elle est ici pour soutenir l'armée de la RD Congo", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Cette mission est favorablement accueillie par l'opinion publique mais certains restent sceptiques quant à la reconquête rapide de tous les territoires occupés par les rebelles, que ce soit le M23 à Nyiragongo et Rutshuru ou les milices qui contrôlent des villages à Walikale ou dans le Masisi. 
Selon un analyste politique de la place, "ce serait une erreur que d'intégrer les rebelles dans les forces armées congolaises, comme cela a été le cas il y a quelques années. Ils ne feront pas des soldats loyaux, il faut donc les arrêter et les juger".
Un avis que partage Dufina Tabu, un défenseur des droits de l'homme qui fait partie de ceux qui font encore confiance aux FARDC. Mais selon lui, l'Etat a le devoir de former et de rémunérer correctement ses soldats, afin qu'ils soient dans de bonnes conditions pour traquer et neutraliser les nombreux groupes armés qui continuent à imposer leur loi et la souffrance aux populations du Nord Kivu.

Mustapha Mulonda