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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 07:40
La fuite illicite de capitaux dépasse 75 milliards d’euros par an en Afrique

Corruption, contrebande, évasion fiscale, sous-facturations : le montant des pertes équivaut à la somme de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers, selon de nouveaux calculs de l’ONU.

Par  Publié le 28 septembre 2020 à 20h00 - Mis à jour le 29 septembre 2020 à 14h48

Temps deLecture 3 min.

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Un négociant pèse des pépites d’or dans une mine illégale, dans la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, en avril 2014.

L’hémorragie de capitaux d’origine illicite dont l’Afrique est le théâtre sape la capacité de nombreux gouvernements à assurer les services de base à leur population. Cette perte serait d’au moins 76 milliards d’euros (88,6 milliards de dollars) par an selon la dernière évaluation retenue dans le rapport 2020 sur le développement économique de l’Afrique, publié lundi 28 septembre par la Conférence des Nations unies sur le développement (Cnuced). Une somme qui avoisine le cumul annuel de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers reçus par le continent entre 2013 et 2015.

« Ces flux, qui privent les Trésors publics de ressources nécessaires au financement du développement, sont considérables et ne cessent de croître », déplorent les auteurs du rapport, en précisant qu’ils représentent aussi la moitié des 200 milliards de dollars par an jugés nécessaires pour que l’Afrique soit en mesure d’atteindre les Objectifs du développement durable (ODD) d’ici à 2030. La précédente estimation, publiée en 2015 par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, avançait le chiffre de 50 milliards de dollars en moyenne par an sur la période 2000-2008.

Lire aussi  En Afrique, la corruption sape les bases de la démocratie

Ces sorties de capitaux empruntent différents canaux. La corruption, la contrebande, l’évasion fiscale en font partie, mais c’est de loin la manipulation des facturations dans le secteur des industries extractives qui alimente le plus généreusement cette délinquance. La Cnuced estime que le maquillage de ces flux commerciaux permet de soustraire 40 milliards de dollars par an aux yeux des administrations douanières. L’opération consiste pour les entreprises – souvent des multinationales – qui s’y adonnent à sous-facturer le montant des exportations afin de percevoir le bénéfice de la transaction sur un autre compte ouvert dans un pays tiers. La surfacturation des importations permet, de son côté, de faire sortir des revenus acquis de manière occulte.

Le secteur de l’or en tête

« Plus le poids d’un minerai est faible et sa valeur élevée, plus il concentre » les activités criminelles, détaille le rapport, en montrant que le secteur de l’or est à l’origine de plus des deux tiers des détournements, à partir de chiffres obtenus en rapprochant, selon une méthode dite « en miroir », les données déclarées par le pays exportateur d’un côté et le pays importateur de l’autre. Le commerce du diamant génère, lui, 12 % des fraudes et celui du platine 6 %. En volume, plus de la moitié des flux illicites de capitaux proviennent de contrats réalisés au Nigeria, en Afrique du Sud et en Egypte, même s’il faut prendre ces chiffres avec précaution compte tenu de la fragilité des données statistiques.

D’ailleurs, seuls 43 pays sur le continent publient régulièrement des données auprès de la base du commerce international des Nations unies. Junior Davis, directeur du bureau Afrique de la Cnuced et coordonnateur du rapport, regrette que « cette méthode permette mal d’appréhender les flux illicites liés à l’exploitation pétrolière. Les exportations de brut qui passent par les pipelines ne sont pas enregistrées auprès des autorités douanières et une fois raffiné, le pétrole perd toute trace de ses origines, ce qui rend très difficile son traçage dans les statistiques internationales. Notre estimation est en conséquence certainement assez inférieure à ce qu’elle aurait été si les chiffres manquants du pétrole et du gaz avaient pu être intégrés à cette analyse », pointe-t-il.

Lire aussi  « L’Afrique souffre de surendettement à cause de la corruption »

Le rapport de la Cnuced se veut l’occasion de rappeler que la présence de cette économie souterraine dans un Etat va souvent de pair avec une faiblesse des ressources consacrées aux services de base. « Les budgets sont en moyenne inférieurs de 25 % dans le domaine de la santé et de 58 % dans celui de l’éducation dans les pays où les flux illicites de capitaux sont importants », pointent les auteurs. De plus, dans ces pays, les méthodes d’exploitation des ressources minières sont aussi parmi les plus « sales » pour l’environnement.

L’enjeu d’un contrôle accru de cette économie mafieuse n’est donc pas seulement financier. Face à cette criminalité organisée, les initiatives pour contrôler ces mouvements de capitaux ont jusqu’à présent connu peu de retombées, constate le rapport qui, en conclusion, insiste sur la nécessité de renforcer la collecte des données douanières et fiscales pour permettre de mieux identifier les sources de détournements.

 
Économie: l'évasion fiscale coûte à l'Afrique 25 milliards de dollars par an
L'évasion fiscale coute des milliards de dollars au continent africain. (Illustration).
L'évasion fiscale coute des milliards de dollars au continent africain. (Illustration). REUTERS - Lee Jae Won
Texte par :RFISuivre
2 mn

L'évasion fiscale coûte à l'Afrique plus de 25 milliards de dollars par an, c'est ce qui ressort d'une étude conduite par un réseau d'ONG, dont l'Alliance globale pour la justice fiscale. En temps de lutte contre la pandémie de Covid-19, cette évasion est jugée « inacceptable », elle diminue en effet les recettes que les pays africains pourraient consacrer à leur santé.

 

Vingt-trois milliards de dollars, c'est la somme estimée que les multinationales, locales ou étrangères, opérant en Afrique ont soustrait aux pays dans lesquels ils travaillent. A cette somme, s'ajoutent un peu plus de deux milliards détenus par de riches africains et qui ont été cachés dans des paradis fiscaux.

Le pays le plus touché par ce phénomène d'évasion fiscale est le Nigeria, suivi de l'Afrique du Sud, de l'Égypte et de l'Angola. Mais même un pays comme l'ile Maurice, pourtant considéré par certains comme un paradis fiscal, est victime du phénomène avec une perte estimée à 60 millions de dollars.

Comme le révélait un récent rapport de l'OCDE, cette évasion n'est pas toujours illicite puisque de nombreuses multinationales notamment dans le secteur des mines négocient avec les États des conditions fiscales avantageuses en échange de leur investissement. C'est ce que l'on appelle pudiquement l'optimisation fiscale, une évasion légale, en quelque sorte. Mais qu'elle soit licite ou non, cette fuite de capitaux handicape les pays.

 

Ainsi l'Alliance globale pour la justice fiscale estime qu'elle représente en Afrique en moyenne la moitié des budgets de santé des États. Autrement dit, en temps de pandémie, les pays africains pourraient embaucher à l'année dix millions d'infirmiers supplémentaires, si ces milliards gagnés en Afrique étaient restés en Afrique.

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