By Ange Michel Murangwa, Rwizanet Atlanta.
Kinshasa a apparemment eu le tort de trop miser sur la France, une France qui s’imaginait pouvoir, par l’Onu interposé, utiliser les forces africaines pour régler le conflit comme elle l’entendait, c’est-à-dire en écrasant tout simplement le M23, non pour le danger qu’il représente pour le Gouvernement de Kinshasa, mais plutôt pour son identité tutsi.
Pour la France, la reddition ou le démantèlement du M23 signifierait affaiblir Kigali et ouvrir la voie à l’application des plans que l’Opération Turquoise a manqué de mener à terme. La France s’est jurée de rétablir le Hutu power au pouvoir pour contrer l’avancée anglo-saxonne qui risque de lui damer les pions en Afrique.
– Dans sa logique, le gouvernement congolais estimait de bonne fois avoir respecté les recommandations des chefs d’Etat de la Conférence Internationale sur la Région de Grands Lacs (CIRGL). Deux mois de « séances d’écoute » ou de négociations (en français courant) auront donc finalement abouti à deux seules recommandations : la libre circulation des personnes et la lutte contre la discrimination. Rien de plus, rien de moins.
Si nous nous en tenons au contenu des quatorze pages remis au facilitateur ougandais, ce sont là les seuls points retenus par la délégation gouvernementale aux pourparlers de Kampala. Les autres points soulevés par le M23 ont été superbement ignorés, car jugés par Kinshasa d’illégales, illégitimes, sans objet…
Les déclarations d’un honorable « écouteur » congolais à Kampala ne laissaient plus de doute sur la position du gouvernement : « la délégation gouvernementale a accompli sa mission. L’évaluation de l’accord du 23 mars et l’écoute des propositions des rebelles sur les questions sécuritaires et politico-sociales étant finies, le gouvernement n’attend plus qu’une seule chose des rebelles : la cessation des activités militaires ».
Voici a contrario le meilleur raccourci vers la reprise du conflit!
Qui de deux belligérants croyait à une heureuse issue des assises de Kampala ? Apparemment ni l’un, ni l’autre car il apparait au grand jour que le gouvernement congolais et le M23 y sont allé à Kampala comme pour gagner du temps ou pour « laisser les choses se tasser en attendant… ». Mais en attendant quoi au juste ?
Bien que partagée dans les faits, cette stratégie n’était pas nécessairement concertée car chaque partie espérait qu’elle serait à son avantage. Kinshasa et le M23 ont manqué de s’entendre alors qu’ils en avaient l’occasion. L’un et l’autre ont peut-être eu tort, et devront bientôt se plier à une paix imposée, encore une fois de l’extérieur.
Malgré les élucubrations du General François Olenga, Kinshasa ne pouvait se faire des grandes illusions sur sa capacité à relever le niveau de son armée et renverser le rapport des forces. L’armée congolaise aurait pu, tout au plus, accompagner « à la malienne » toute force étrangère qui aurait jugé utile et tente de s’attaquer ouvertement au M23.
Kinshasa a apparemment eu le tort de trop miser sur la France, une France qui s’imaginait pouvoir, par l’Onu interposé, utiliser les forces africaines pour régler le conflit comme elle l’entendait, c’est-à-dire en écrasant tout simplement le M23, non pour le danger qu’il représente pour le Gouvernement de Kinshasa, mais plutôt pour son identité tutsi.
Pour la France, la reddition ou le démantèlement du M23 signifierait affaiblir Kigali et ouvrir la voie à l’application des plans que l’Opération Turquoise a manqué de mener à terme. La France s’est jurée de rétablir le Hutu power au pouvoir pour contrer l’avancée anglo-saxonne qui risque de lui damer les pions en Afrique.
Le laisser faire apparent des Etats Unis que les certains prenaient pour un chèque en blanc accordé à la France n’aurait dû tromper personne. Les Etats Unis savaient pertinemment que ce chèque ne serait honoré nulle part. Les Etats Unis ne pourraient en aucun cas, ni laisser tomber Kigali ni laisser la France soutenir un autre Génocidé Tutsi au Congo.
Certes, les Etats Unies soutiennent un déploiement des forces africaines du Congo en plus de la signature de paix propose aux chefs d’état de la région. Kinshasa jubile bien à tort car il n’est pas dans l’intention des Etats Unis d’imposer la paix en sacrifiant qui que ce soit. En un mot, Il n’appartient pas à Kinshasa de définir le mandat des forces africaines à déployer. Ces forces ont par ailleurs refusé d’être placées sous le commandement de la Monusco, en d’autres termes, refusé d’être au service de la France.
Malgré ses chantages juridiques aux Présidents africains avec lesquels elle a longtemps tripatouillés dans la corruption et des louches transactions, la France ne pourrait trop compter sur le soutien diplomatique des pays de la zone « francafrique ». Son coup d’éclat au Mali risque d’être le dernier du genre sur le continent, faut-il encore qu’elle gagne cette guerre qui s’annonce très longue. Elle risque tout simplement de s’ensabler dans les dunes du désert.
Finalement l’attentisme aura quelque peu profité au M23 qui a pour le moins démontré sa bonne volonté en respectant à la lettre les recommandations des Chef d’état de la CIRGL et s’est retiré de Goma qu’elle ne risquait pas de perdre militairement.
Son étiquette de « force négative » a fini par se décolorer car la communauté internationale a été amenée à reconnaitre ouvertement ou implicitement les causes subjacentes de sa rébellion. Les tentatives de Kinshasa d’instituer un dialogue congolais qui ignore la participation du M23 était non seulement une provocation mais constituait en soi un déni des droits qu’il réclamait au nom des Rwandophones du Kivu.
Clôturer Kampala sans se prononcer clairement sur le rapatriement des refugies a été une révélation sur les intentions de Kinshasa : Nettoyer le Kivu de toutes les populations Rwandophones.
Par ailleurs, la situation sur l’ensemble du territoire congolais ne cesse de s’empirer, Bunia, Punia, Pweto, Kasindi… un jour ne passe sans son lot de révoltes civiles, de pillages, de vols. Chaque ville, chaque village n’échappe à la gangrène.
Le Grand Remède …
Jusqu’au bout, le secret aura été garde par les Chefs d’Etats invités à signer l’accord cadre de paix propose par les Etats Unis et l’ONU. Les détails restent cachés mais la mauvaise humeur de Kinshasa nous livre certains détails sur ce qui ne serait encore qu’une mouture. Le texte final devra être finalisé ce vendredi.
Les Etats Unis ont sans doute fini par se rendre compte que la présence du M23 ne pouvait expliquer à elle seule l’état de putréfaction avancé du Congo, un corps dont les membres tombent d’eux-mêmes. Il a fallu cerner, sans passion, les causes réelles des conflits armes au Congo sans recourir aux voies simplistes qui consistaient à indexer des pays voisins.
La présence de Monsieur Tshisekedi en Afrique du Sud annonce sans aucun doute un changement profond dans le paysage Congolais. Il n’est pas exclu que la Communauté Internationale se sente dans l’obligation d’associer intimement l’Opposition à l’accord de paix. Le President Kabila devra peut-être se résoudre à quelques aménagements au sein de son gouvernement.
Pour les Etats Unis, l’Onu ne pourrait mettre fin aux cycles de guerres et de violence dans l’Est du Congo, sans l’effort de la communauté internationale, des pays voisins de la RDC ainsi que des Etats membres de la SADC, principalement de la RDC lui-même qui devrait cesser de jouer aux victimes.
Les pays de la CIRGL et ceux de la SADC sont appelés à collaborer pleinement à la mise en œuvre de cet accord en empêchant de servir de base arrière et d’assistance à toute action de déstabilisation de la RDC. Les pays signataires acceptent des mesures de contrôle qui seront mis en place sous la supervision de l’ONU.
Avec l’Ouganda et l’Onu, Le Rwanda se retrouve officiellement investi du rôle de vérification du suivi et de la mise en œuvre de l’accord cadre de paix. Ces deux pays appuieront les efforts régionaux entrepris par l’UA, la CIRGL et la SADC, qui seront eux-mêmes accompagnés par les partenaires extérieurs tels que l’Union européenne, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la Belgique.
A notre avis, l’accord-cadre de paix de l’ONU répond largement aux aspirations du M23 en soumettant la RDC à un certain nombre d’engagements :
- La poursuite des réformes dans le secteur de la sécurité ;
- La consolidation de l’autorité de l’Etat dans la partie Est ;
- Le développement de l’économie, des infrastructures de base et des services sociaux de base ;
- L’accélération de la politique de décentralisation,
- L’élaboration d’un agenda de réconciliation et de démocratisation.
Les Etats Unis et l’ONU préconisent par ailleurs la nomination d’un envoyé spécial de l’Onu « qui serait chargé d’accompagner les pays de la région et de les aider à suivre les progrès accomplis au regard des objectifs fixés ». Un super Gouverneur pour le Congo ? Il en avait bien besoin.
Qu’adviendra-il du M23 ?
Personne ne se risque à émettre des pronostics sur le devenir immédiat des troupes du M23 et des territoires qu’elles contrôlent. Mais en lisant entre les lignes du dernier discours du Secrétaire General de l’Onu, Il n’est pas exclu que le M23 soit invité à se rallier au plan de Paix. Réintègrera-t-il l’Armée congolaise et sera-t-il redéployé en dehors du Nord Kivu. Voilà des questions qui requièrent des sages réponses… Touchons du bois !
Voici l’accord cadre signé ce dimanche 24 février 2013 destiné à ramener la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo |
Written by BOXITE OGWABE |
Sunday, 24 February 2013 13:13 |
Cette fois, l’accord est adopté. Ce dimanche 24 février, onze pays africains ont signé à Addis Abeba l'accord cadre destiné à ramener la paix dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), région minée depuis dix mois par de nouvelles violences. La signature du pacte prévue à l'origine le mois dernier, avait dû être reportée pour clarifier la question du commandement de la nouvelle force régionale, qui doit être déployée dans l'est de la RDC pour lutter contre les groupes armés opérant dans la région « Le début d’une approche globale » Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, présent à la cérémonie de signature, a salué cet accord tout en soulignant « qu'il ne s'agit que du début d'une approche globale qui nécessitera un engagement soutenu » de la part des pays de la région pour apaiser cette zone riche en ressources minières et mise à mal par de nombreuses rébellions. Les présidents de RDC, d'Afrique du Sud, du Mozambique, du Rwanda, du Congo et de Tanzanie avaient fait le déplacement à Addis Abeba en vue de signer cet accord. Des représentants d'Ouganda, d'Angola, du Burundi, de Centrafrique et de Zambie étaient également présents. Le document encourage une série de réformes Le document interdit aux pays extérieurs de soutenir les mouvements rebelles et encourage une série de réformes en vue de l'instauration d'un Etat de droit dans l'Est de la RDC où les institutions gouvernementales sont particulièrement faibles, selon des sources proches du dossier. Le Rwanda et l'Ouganda ont été accusés en particulier de soutenir le Mouvement du 23-Mars (M23) qui a brièvement conquis la principale ville de l'Est de la RDC à la fin de 2012, Goma, avant d'accepter de s'en retirer en échange de l'ouverture de négociations avec le régime de Kinshasa. Les deux pays démentent une telle implication en RDC. « Écrire une page plus glorieuse que celle des deux dernières décennies» Le président de la RDC, Joseph Kabila a émis l'espoir que le document contribue à mettre fin à « la situation déplorable » dans l'Est de son pays. Il a appelé dans son discours à écrire « une page plus glorieuse que celle des deux dernières décennies, marquées par une guerre récurrente, des violations massives des droits de l'homme et le mépris de la vie humaine ». Le président rwandais Paul Kagame a pour sa part assuré « approuver sans réserve » l'accord d'Addis Abeba, car « rien ne peut davantage bénéficier au Rwanda qu'une avancée réelle vers la paix régionale et la stabilité ». Il a en même temps appelé « à s'attaquer avec sincérité aux réels problèmes de droit, de justice et de développement et à trouver de vraies solutions pour les gens qui attendent de nous un rôle dirigeant », dans une allusion apparente à l'absence d’État de droit dans l'Est de la RDC et au traitement réservé dans cette région à la minorité tutsie, qui nourrit des liens étroits avec le Rwanda voisin. Il devrait non seulement statuer sur la nature et le commandement de la force internationale neutre à déployer à la frontière entre la RDC et le Rwanda, mais aussi obliger les pays de la région des Grands Lacs à respecter la souveraineté de leurs voisins. Selon l’AFP, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, présent à la cérémonie de signature, a salué cet accord tout en soulignant qu’il ne s’agit que du début d’une approche globale qui nécessitera un engagement soutenu de la part des pays de la région, pour apaiser cette zone riche en ressources minières et mise à mal par de nombreuses rébellions. Les présidents de RDC, d’Afrique du Sud, du Mozambique, du Rwanda, du Congo et de Tanzanie ont fait le déplacement à Addis Abeba en vue de signer cet accord. Des représentants d’Ouganda, d’Angola, du Burundi, de Centrafrique et de Zambie étaient également présents, a constaté l’AFP. Le document interdit aux pays extérieurs de soutenir les mouvements rebelles et encourage une série de réformes en vue de l’instauration d’un Etat de droit dans l’Est de la RDC où les institutions gouvernementales sont particulièrement faibles, selon des sources proches du dossier, précise l’Agence de presse. Selon le programme communiqué par le service de protocole de l’UA, la réunion avait débuté par le mot de bienvenue de la présidente de la Commission de l’Union africaine, suivi de celui du président de la conférence des chefs d’Etat. Le secrétaire général des Nations unies avait ensuite prononcé l’allocution d’ouverture. Il a été suivi des chefs d’Etat des pays signataires, puis des témoins désignés pour cet évènement. La signature, proprement dite de l’accord de paix, est intervenue par la suite. Cette signature, qui aurait du intervenir à la fin du mois de janvier, toujours à Addis Abeba, en marge du sommet de l’Union africaine (UA), avait été renvoyée à une date ultérieure. Eri Kaneko, porte-parole du secrétaire général de l’Onu, qui avait annoncé cette décision, n’avait pas expliqué les raisons de cette annulation, évoquant tout simplement «un sujet complexe». L’Onu avait souhaité que la force internationale neutre soit intégrée à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), contrairement à certains pays de l’UA, comme l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Mozambique. Ces Etats membres de la SADC, qui se sont engagés à fournir des effectifs de la nouvelle brigade, estiment, de leur coté, que cette force devrait être placée sous un commandement autonome. La force internationale neutre, composée de quatre mille soldats, est appelée à démanteler les groupes armés opérant dans l’Est de la RDC, notamment les rebellions des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et du M23. Son déploiement entre la RDC et le Rwanda avait été proposé lors du sommet interministériel des Etats de la CIRGL, en mi-juillet 2012 à Addis-Abeba. Fin octobre, les ministres de Défense de la CIRGL avaient adopté, à Goma, le plan d’opérationnalisation de la force, bien que son financement et la date effective de son déploiement n’aient toujours pas été définis.
TROUVER PAR ICI LE DOCUMENT INTEGRAL SIGNE A ADDIS ABEBA STATEMENT BY H.E. PAUL KAGAME(Discours Paul Kagame : Addis Abeba) |